Sublime.
Un narrateur omniscient interventionniste, Monsieur Loyal, présentateur, démiurge... qui fait tourner un manège et les vies de
- Léocadie (Simne Signoret) - une jeune femme qui aime les militaires (même pas prostituée : elle ne demande pas d'argent, seulement un uniforme : )
- un jeune soldat Franz (Reggiani) - le 6ème à passer devant elle
- une domestique Marie (Simone Simon : ma-gni-fique : yeux, poitrine, expression d'innocence et de sens en retenue offerte)
- un fils à Papa-Maman (Daniel Gélin) - oisif, maladroit mais sûr de lui ("Marie !" etc. "ce corsage, il est bleu ?")
- une femme mariée (Danielle Darieux) - qui se dévergonde avec lui, faute de mieux semble-t-il, mais elle assume.
ICI coup de la panne : le manège sur lequel le diseur tourne la manivelle s'arrête un instant — le temps de la faiblesse de Gélin, qu'il met à profit pour parler du De l'Amour de Stendhal et des soldats "de cavalerie", dont un qui a passé 3 nuits, ou 6 nuits (3 nuits plutôt selon Danielle Darrieux) sans pouvoir et à pleurer dans les bras de son amie — discussion autour du terme "camarade". Dans un mouvement, Gélin prend Darrieux dans ses bras, réparé, le manège repart...
- le mari notable qui instruit sa femme des contraintes qui veulent qu'une jeune fille de bonne famille soit mariée avant de connaître la vie, et qu'un jeune homme doive apprendre la vie avec des femmes d'un autre genre (les "créatures" dont Darrieux veut que son mari lui raconte la vie — ce à quoi il se refuse ; mari qui, sans apparemment comprendre que sa femme le trompe, la met en garde contre ce genre de femmes mariées qui prennent du plaisir à l'extérieur (et qui meurent jeunes)
- la grisette (ni midinette ni cocotte) que le mari grise au Champagne dans un salon particulier (genre d'endroit dans lequel elle n'est allée qu'une fois, en compagnie d'une amie et du compagnon de celle-ci), un tantinet vulgaire
- le poète-dramaturge-auteur-à-succès (Jean-Louis Barrault) - en pleine créativité éthérée, qui n'a que de quoi boire, mais rien à manger ("Veux-tu que j'achète de la charcuterie ? — Oh non ! pas de la charcuterie")
- l'actrice dramatique — le couple de théâtre malheureux sans esclandre, ils savent déjà ce qu'ils vont se dire — gifles et embrassade
- le comte (Gérard Philipe) et grand militaire — amoureux de l'actrice
ICI scène de la "censure" : alors que le comte se jette dans le lit de l'actrice, plan sur le diseur en haut de forme, qui tient la bande et une paire de ciseau, avec laquelle il coupe brutalement le passage (mot prononcé très légèrement : "censure"), l'action reprenant abruptement après l'acte : )
mais un peu inconséquent, et très ivre - scène de la nuit d'ivresse qu'il ne se rappelle que par bribes, qu'il reconstruit petit à petit allongé à même le sol, les yeux douloureux, image de l'attelage avec le lévrier derrière (Arras ?), élocution hésitante mêlant accent aristo et débit alcoolisé
- retour sur Léocadie dans la chambre de laquelle le comte a passé la nuit sans trop s'en rendre compte, puis sur Franz qu'il croise dans la rue
Magie, poésie, finesse, légèreté, dialogues, décors, jeu d'acteurs : très grand
Personnage du diseur = le Monsieur Loyal (Peter Ustinov) de Lola Montès
Portraits de femmes libérées, même si elles ne maîtrisent pas toutes leur destin, elle joue avec la vie, comme dans une ronde
jeudi 14 mai 2009
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