mardi 4 août 2009

La Princesse de Clèves — Madame de Lafayette (1677)

Marie-Madeleine Pioche de la Vergne 1634-1693 : vécut sous la régence d'Anne d'Autriche (1643-1651) et le règne de Louis XIV (1638-1651-1715)

Mlle de Chartres épouse le Prince de Clèves sans amour et découvre la passion à la vue du duc de Nemours qui la courtisera avec assiduité jusqu'à la mort du Prince et la retraite de la Princesse qui préférera refuser l'union avec Nemours par respect pour son défunt mari (dont elle s'estime coupable de la mort, causée par la jalousie du Prince, quelque infondée qu'elle fût au regard de la vertu) et par peur de l'usure des sentiments (diminution de l'amour avec le temps + jalousie), et restera un modèle de vertu jusqu'à la fin de sa courte vie, choisissant le retraite, entre une maison religieuse et chez elle, "et dans les occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères"

—> la princesse de Clèves aura épousé un homme qu'elle n'aimait pas et après la mort de son mari se sera refusé à un homme qu'elle aimait et qui l'aimait, préférant au monde une retraite et une austère vie de vertu
- la vie exemplaire de la princesse est à la fois une leçon de maîtrise de ses passions et de son corps mais aussi un effrayant modèle de prophylaxie du risque de la vie sociale : consciente des risques du mariage, la princesse préfère l'éloignement à la proximité de la tentation : aveu de faiblesse d'une certaine façon
- la narratrice indique que la distance et le temps ont fait que la passion de Nemours a fini par s'éteindre ; en plus des mises en garde de sa mère, des exemples vécus par elle ou d'autres, ce désamour conforte l'opinion et la décision de la Princesse

Eloignement :
- excuse de la faiblesse pour ne pas assister à des événements où elle sait que Nemours sera présent
- consignes aux domestiques : ne pas la déranger, ne pas même rendre compte des visites de Nemours
- retrait dans la maison de Coulommiers
- retraite dans la maison religieuse

-> "j'y vais, j'y vais pas"
-> "ma mère avait raison", "les mères ont toujours raison"
-> "la Princesse de Clèves est-elle morte vierge ?"

Modèles, exemples, contre-exemples :
En femmes :
- le modèle de vertu absolu : la mère de Mlle de Chartres
- le modèle de vice absolu : la duchesse de Valentinois
- le modèle de fausseté : Mme de Tournon (1 LPC croyait aux apparences de l'affliction de Mme de Tournon après le décès de son mari ; 2 LPC apprend en plus de Sancerre qu'elle s'était engagée auprès de deux hommes différents)

En hommes :
- le Vidame de Chartres : vie dissolue
- Nemours, à tort ou à raison, au su ou à l'insu de LPC, mais au su du lecteur : la rumeur que Nemours est le destinataire de la lettre tombée de la poche du Vidame fait naître une jalousie vive chez LPC / pour le lecteur, le mensonge de N lorsqu'il insinue à LPC que son mari a pu révéler lui-même la scène de la révélation dans le jardin, et les conséquences de ce mensonge, tendent à illustrer le bien-fondé des craintes de LPC

Le monde, ses règles, ses devoirs :
- mariage arrangé de la Reine d'Angleterre
- mariage arrangé du duc d'Albe (Mme de Lafayette ne défend pas uniquement la cause des femmes ?)
La lettre [une femme reproche à un homme de l'avoir trompée dans ses espoirs quand elle découvre qu'il est aimée d'une autre, envers laquelle il a pris la même sorte d'engagements] : attribuée par certains à Nemours, au Vidame de Chartres par d'autres : elle circule de mains en mains jusqu'à la Reine Dauphine qui la confie à la Princesse — celle-ci croit la rumeur qui dit qu'elle est tombée de la poche de Nemours — le Vidame demande à Clèves de s'en donner la paternité pour ne pas le compromettre auprès de la Reine qui est déjà jalouse et soupçonneuse — la lettre finit par être restituée à son véritable auteur, la duchesse de Martigues, amante du Vidame, alors que la Reine la réclame —> occasion pour la Princesse et Nemours de se retrouver ensemble pour rédiger un faux (retard dû au plaisir et à la distraction que leur proximité leur procure)

Le duc de Nemours


mort du Roi (Henri II) due à un excès de confiance : il fait le combat de trop, contre le duc de Montgomery dont un éclat de la lance se fiche dans un œil du Roi, qui mourra quelque temps après

mort du Prince de clèves due à l'émotion provoquée par la jalousie éprouvée à l'encontre de Nemours : informé par un de ses gentilhommes que Nemours s'est rendu deux fois de nuit au pavillon de Coulommiers où se trouvait la Princesse, Clèves croit qu'une liaison existe donc bien entre eux : il souffre de voir sa femme aimer un autre homme quand il voulait croire que l'absence d'amour de la Princesse à son égard était causée par son incapacité à éprouver de la passion par nature (souffrance de l'amant + souffrance du mari : Clèves peut aussi envisager une humiliation sociale)


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Cadre historique situé dès les premières lignes de LPC : règne des Valois : Henri II (1519-1547-1559 de la mort de son père François I 1494-1515-1547 à sa mort lors d'un tournoi — son fils François II 1544-1559-1560 lui succède un an jusqu'à sa mort, qui ouvre la Régence de Catherine de Médicis, épouse de feu Henri II, qui prend fin avec l'accession de Charles IX 1550-1560-1574, fils de HII, fr de FII)

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Scènes clés
- soies : après la mort du PC, LPC se rend dans un magasin de soies près de chez elle, où elle apprend l'existence d'une chambre donnant sur ses jardins et sa maison, et qu'un homme l'occupe, qu'elle devine comme pouvant être N : confirmation un jour où LPC regarde par la fenêtre dans la direction de cette chambre (le narrateur nous apprend que N s'en aperçoit, et s'en réjouit car il avait espéré qu'elle le remarquât) —> cf La Chartreuse de Parme : Clélia dans ses appartements et Fabrice dans sa cellule : Fabrice regarde Clélia jouer avec ses oiseaux (souvenir d'une distance magique, suspendue)
- espionnage/voyeurisme : Nemours épie LPC deux nuits aux abords de la maison de Coulommiers, tente même de pénétrer dans la maison (l'ayant vu, LPC se retire dans ses appartements) / N épie encore LPC depuis le magasin de soie
- tableaux : N vole un petit portrait durant une séance de peinture / LPC se fait apporter à Coulommiers la copie d'un tableau représentant la bataille de Metz sur lequel figure N
- couleurs : durant le tournoi fatal, N combat vêtu de noir et de jaune, la couleur préférée de LPC qui le dit un jour, déplorant de ne pouvoir porter cette couleur du fait de sa blondeur / à Coulommiers, N aperçoit LPC nouer des rubans de tissu du même jaune sur une crosse

Féminisme ? de repli, de protection
Pas de "conversion" ou d'entrée dans les ordres pour LPC : cette solution ne lui paraît pas la meilleure —> retraite "civile" : juste équilibre ? du coup, relativiser le tragique ?

Aucun personnage d'ecclésiastique dans le livre (à part le cardinal de Lorraine)

Lien avec la préciosité, le classicisme, le jansénisme


EDIT 5/08/09, 6

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