jeudi 23 avril 2009

Berlin Alexanderplatz - Alfred Döblin

Histoire de Franz Biberkopf, ancien déménageur, terrassier sorti de 4 années de prison pour le meurtre de sa compagne (qui allait le quitter pour un autre)
Trad célinienne : "C'est régulier"
Scènes d'abattoir : abattage d'un porc, d'un taureau et d'un veau : détails, neutralité (sauf pour le veau : "atroce"), technicité : Döblin dit à l'animal de ne pas en vouloir à son bourreau : son rôle de bourreau, ce n'est qu'une tâche administrative, pas de sentiments contre la bête
Inserts dans la narration :
- bulletins météo, réclames, articles, documents policiers ou administratifs, etc.
- explications techniques des faits : paragraphes sur le mécanisme de la sexualité (fonctionnement hormonal, répartition des fonctions dans le corps), explication de l'impuissance (après des scènes où Franz ne parvient pas à avoir une activité sexuelle avec des prostituées : médicament, traitement, conseil : attendre que ça passe) / explication physique des blessures de Ida, la compagne de Franz : les corps et les objets en rapport de forces, formules scientifiques décrivant a vitesse et l'énergie du geste de Franz quand il a frappé Ida avec le fouet de cuisine)

Références à des épisodes bibliques : citations, analogies : Jérémie, Job, histoire du faucheur armé par Dieu (ce faucheur aiguise son outil, sa tâche est inévitable), réf à l'Arche de Noë par le Juif (pour lui, il ne faut pas perdre espoir : lorsque Noë a sauvé les espèces de la création, il a sauvé jusqu'aux insectes apparemment les plus insignifiants et moches — reste à savoir quel crédit accorder aux récits et aux leçons donnés par ce Juif, moqué par son ami roux, et contredit par le récit lui-même (et donc par Döblin), et l'Histoire elle-même (le génocide)). Adam et Eve (Eva ? figure de la tentation originelle ? silence de Döblin sur ce point. Eva apparaît plus comme une mère aimante que comme le vice tentateur...). Babylone, monstre à sept têtes et dix cornes, assoiffée de sang... Döblin révèle vers la fin l'existence de deux anges gardiens qui ont protégé Franz jusque là.

Référence à des mythes de la tragédie grecque : Franz en Oreste, réf à Clytemnestre, aux Euménides (rapport au destin implacable, à la fatalité), aux Erynies

Réf à des écrivains, textes : Goethe (Chant de Mignon), Schiller (La Cloche), César Flaischen ; L'Internationale, chants patriotiques, populaires (récurrence des termes "pour le dzing dzing, boum boum, et rata-tchigne")

Narrateur omniscient (faits, pensées, espaces, temps) : connaît déjà la fin, l'annonce, prévient à chaque étape, malgré des épisodes de sursaut, face aux éventuelles attentes optimistes du lecteur, coupe court à tout espoir (malgré l'axiome intérieur de Franz : "rien ne ... de céder au désespoir")
Réf à l'histoire de l'Allemagne début de siècle : réf à la 1GM, à la domination prusse / post1GM : les petits boulots pour survivre, les allocations, le troc, les coups, la tentation des mauvais coups (Franz tente d'y résister (c'est tout son histoire) — il se fera piéger par Reinhold ; le couple de gardiens d'un entrepôt cède aux propositions des cambrioleurs et se font prendre par les policiers dès leur première participation alors que les voleurs se sont déjà enfuis — aigreur)
Histoire politique de l'Allemagne : personnages portant les thèses et les discours : du national-socialisme (un petit commerçant, exposant de foire, membre d'un syndicat, au bagout convaincant — Franz porte le brassard quelque temps) ; du communisme (réf à Karl Libknecht et à Rosa Luxemburg) ; de l'anarchisme (Face à l'anarchiste adepte de l'action directe, Franz avance que l'anarchiste qui travaille continue d'enrichir une fortune privée, et reste donc esclave ; son "activité" de mac, elle, est réellement anarchiste puisque pour son propre compte — mais l'anarchiste le range du côté des exploiteurs — Franz ne sait plus quoi en penser)

Figure des femmes :
Ida (l'amie de Franz qui le trompe, Franz la tue accidentellement — positions ambiguës des acteurs de l'entourage de Franz : la sœur ne parvient pas à le haïr (ils baisent plusieurs fois ensemble après sa sortie de prison) ; Eva, l'ex de Franz qui l'aime toujours pense qu'Ida a méritté son sort) ;
Eva : l'amoureuse fidèle, un peu mère (soins après l'amputation, elle lui dégote la petite, le rassure quand elle découvre qu'elle se prostitue un peu à son insu...). L'amour d'Eva disparaît après la dépression de Franz et son passage à l'hôpital. A son retour, Eva a perdu son enfant et ne reconnaît plus le Franz qu'elle avait connu et désiré. Eva est le personnage qui s'en sort "le mieux" ; tandis que Herbert part en prison, elle reste avec son riche protecteur, libre des entraves qu'auraient représentées l'enfant s'il était arrivé à terme, Herbert si elle avait dû continuer à l'entretenir (bien qu'elle ne l'abandonne pas en prison, mais les sommes nécessaires sont incomparables), et Franz, si elle avait dû continuer à s'en occuper comme une mère ou une amante potentiellement adultère.
Mimi-Emilie Parsunke-Marie-Sonia : la jeune fille de province inexpérimentée, naïve, qu'Eva prend sous son aile après une rafle de prostituées ; figure de l'amour pur et dévoué, innocent et entier, son inexpérience des relations dans le milieu la fera tomber dans le piège de Reinhold. Amour fort et sincère de Franz, Mimi est son soleil après sa mort. Mimi n'aura pas su résister à l'amour et aux avances d'un plus jeune que Franz (Karl le zingueur), ni aux manigances de Reinhold, plus fort et déterminé que Franz (bien qu'elle pressente une âme manipulatrice avec ces prétendues révélations ur Franz, une violence, Mimi joue un jeu dangereux avec Reinhold, rationnellement pour que Reinhold lui révèle l'histoire de Franz, sensuellement parce que Reinhold représente une force que Franz n'a pas (les deux bras, la force, le torse (enclume tatouée, la démarche). Scènes de manipulation mentale et corporelle par Reinhold et Karl très intriguantes, cf Accatone de Pasolini pour la débauche consentie. Meurtre dans les bois de Freienwalde.

Figures masculines :
Reinhold : apparaît d'abord comme un coureur, que Franz croit incapable de s'attahcer à une femmes, en fait faux tendre et vrai violent : les coups que Reinhold lui porte dans la voiture avant de le jeter sur la chaussée le surprenne par leur force ; Reinhold n'aura aucun mal à envisager son assassinat lorsque Franz revient dans la bande, il tue Mimi froidement
Herbert : le mac classieux, vieil ami du Franz d'avant Tegel. On ne sait pas exactement pourquoi Franz va se diriger vers Pums plutôt que vers herbert, une fois assumé le choix de reprendre du service. Herbert et Eva assure les soins et la convalescence de Franz après la chute.

Franz et la caverne platonicienne : on peut voir le cheminement de Franz comme une expérience de la sortie des ténèbres vers le soleil. Dôblin (p. 603 s) compare le trajet de Franz au cheminement sur une route sans nom, yeux fermés, interrompus par de nombreux chocs qui ne font que repartir Franz encore plus vivement, jusqu'à l'apparition d'une lanterne dont la lumière éclaire le nom de l'avenue... de même, vers la fin, citation de César Flaischlen (écr. romantique XIX) à un bouquiniste détrempé par la pluie : "Qu'importe la froidure / Quand le soleil est en toi ?" ; au cimetière, Franz explique à Eva qu'i a son soleil près du cœur, on comprend qu'il s'agit de Mimi (ou du souvenir de son amour) ; nombreuses scènes de dialogues avec Herbert et Eva où ceux-ci clignent des yeux, écarquillent les yeux devant l'attitude, les propos de Franz : eux ont les yeux "ouverts" quand lui ne parvient pas à ouvrir ses yeux et à saisir la réalité des sentiments des gens qui l'entourent (à commencer par la haine que lui porte Reinhold), ni les raisons qui expliquent sa situation, sa chute

Franz et la justice platonicienne : si on entend "justice" au sens platonicien de harmonie naturelle conforme à la répartition des rôles que la nature a donnés à chacun pour qu'il occupe une place dans la cité, en fonction de ses capacités, on peut voir la mélopée/prosopopée de la Mort lorsque Franz agonise comme une maïeutique au forceps, au terme de laquelle Franz prend conscience qu'il s'est obstiné à refuser la réalité du rapport de force, qu'il n'a pas voulu reconnaître sa défaite face à Reinhold, face à la destinée, qu'il a toujours cherché à contredire, de façon égoïste (centrant sur lui-même ses souffrances et lamentations, se plaignant de l'injustice à lui faire, sans voir la douleur des gens qui l'entourent) et de façon obstinément, insolemment contre-nature... la Mort le force à prendre conscience de la honte que ses erreurs doivent lui faire éprouver, le force à se déclarer vaincu -> de retour à la vie, sorti de l'hôpital, Franz quitte le milieu, rejoint la communauté des hommes ordinaires, accepte un petit emploi (concierge auxiliaire), ses sens se stabilisent, il se rassérène, quand, à sa sortie de prison, au début du livre et pendant tout son itinéraire, Franz voyait les toits et les immeubles glisser, se déséquilibrer, instables... C'est donc là que Döblin considère comme la place "juste" de Franz, le comportement "juste" qu'il lui assigne : une certaine modestie, une résignation face au sort et à l'adversité trop forte, la fin de l'insolence (prométhéenne) avec la prise de conscience de ses fautes et de ses responsabilités (not. à l'égard d Mimi : il a provoqué la jalousie haineuse de Reinhold en jugeant son comportement avec les femmes, en cherchant à le raisonner dans cette attitude, en voulant lui montrer Mimi comme la femme-modèle, l'exemple parfait de la femme avec laquelle une vie sereine st possible, alors qu'en agissant ainsi, il n'a fait qu'exacerber les penchants vicieux de Reinhold)
Ce retour à l'ordre juste des choses se fait quand même au prix de l'injustice non résolue, du vice impuni — finalement, Reinhold s'en tire sans trop de casse, alors que le bras De Franz n'a pas repoussé et que Mimi ne reviendra pas ; à l'échelle de la société, ce cheminement souligne le nécessaire lien avec la communauté des hommes, l'échange avec ses semblables, certes, mais aussi la vacuité de la résistance face à l'exploitation : les discours national-socialiste, communiste et anarchiste ne se traduise pas en actes, n'offre aucune sortie concrète au système de domination capitaliste, qui finalement absorbe Franz une fois celui-ci revenu de ses errements, sauf à ce que la communauté prenne forme autour d'une solidarité active, mais la rébellion solitaire est vaine.
30 avril / 1er mai 2009

lundi 20 avril 2009

Histoires de fantômes indiens - Rabindranath Tangore

Le Squelette
Un étudiant en médecine reçoit la visite de la fille qui a laissé ce squelette sur lequel il apprend l'anatomie
Les Pierres affamées
Un homme rencontre dans un train un voyageur à l'apparence d'un musulman mais bengali : cet homme fut collecteur d'impôt (encaisseur de la taxe sur le coton), il s'installa dans un palais abandonné érigé 250 ans auparavant pour les plaisirs d'un riche persan : marbre blanc, rivière Shusta, forêts épaisses et à l'époque, fontaines d'eau parfumées à la rose et bassins dans lesquels se baignaient de jeunes persanes à la longue chevelure bouclée. Bien que mis en garde contre le charme du palais la nuit tombée, le collecteur, envoûté, va vite se transformer en persan (s'incarner en un personnage des 1001 nuits) : abandonner ses habits simples indiens pour de plus sophistiqués vêtements musulmans, demander des plats moghols à son cuisinier... le palais frémit à la tombée de la nuit et bruit des sons que font les bijoux et les parures des femmes de l'ancien maître des lieux
Prise de conscience du sortilège : assis face à la Shusta, un soir d'été, à la tombée de la nuit, l'obscurité tomba d'un coup du fait de la présence des collines, et les nageuses se firent entendre, invisibles. Dans le palais, sans lumière, sensation de déranger un rassemblement, notes de sitar... la nuit, réveillé par une femme arabe sortie d'un conte des 1001 nuits... les nuits du collecteur devinrent des nuits arabes.. senteurs des arbres, du basilic, de la menthe, lourdeur de l'atmosphère, vents soudains, portes qui claquent, trombes d'eau, orages brusques, nuages épais, pluie de larmes
Un homme court tous les matins autour du palais en criant que tout n'est qu'illusion, cet homme fut le seul à sortir vivant du palais (3 nuits) mais en perdant la raison. On ne connaîtra pas l'histoire de la jeune persane, on sait seulement que les pierres du palais ont été irritées par la futilité des plaisirs qui s'y donnaient et que depuis, elles cherchent à s'emparer de la vie de tout être qui y habite.
Obsession
Un riche commerçant connaît des difficultés financières mais n'ose pas demander à sa femme de mettre en gage les bijoux qu'il lui a offerts. Prétexte à entrer dans la vie intime du couple : l'homme st "occidentalisé", càd n'impose pas ses vues à sa femme, prend trop en considération ses envies, ne joue pas le jeu des caprices féminins, etc. : la femme a tout ce qu'elle evut sans rien demander, sauf un enfant, elle s'attache donc à ces signes matériels et quand elle sent que son mari veut l'en déposséder, elle fuit avec un homme de son mari. Elle ne revint jamais, tandis que le mari revient à bonne fortune. Sa femme lui apparaît en spectre, il la suit et se noie. L'histoire est une mise en garde contre son auditeur : le raconteur nomme "innocemment" son personnage du nom de l'auditeur inconnu, dont la femme est appelée "la danseuse"...
La Fortune abandonnée
Histoire de l'avarice : un avare fait honte à son fils qui décide de le quitter accompagné de son propre fils. Seul, sans l'amour des siens, l'avare reçoit quelques années plus tard la visite d'un jeune garçon qu'il adopte et à qui il finit par léguer sa fortune. Il enferme ainsi le garçon sous un temple, là où il a dissimulé sa fortune, et scelle toute issue. L'avare reçoit alors la visite de son fils qui recherche le petit-fils, et lui apprend que le garçon et lui avaient changé d'identité par honte. Il réalise alors qu'il a enfermé et tué son propre petit-fils
Le Précepteur
Histoire d'avarice encore : le père d'un enfant gâté lui donne pour précepteur un homme avec lequel il va nouer des liens très forts. Le père et la mère s'en inquiètent, craignant que le précepteur manipule l'enfant pour en obtenir des richesses ; ils réduisent progressivement les heures d'enseignement du garçon, jusqu'à ce que le précepteur abandonne complètement son rôle (histoire d'un amour croissant inavoué). Plus tard, le jeune garçon, devenu dandy, reprend contact avec le précepteur devenu agent d'un homme d'affaires, qui lui remet de fortes sommes d'argent pour ses achats de riz et de céréales... le garçon désire rejoindre l'Angleterre pour y devenir avocat mais son père refuse de l'y aider... après une soirée ensemble, l'ancien précepteur découvre que le garçon a subtilisé de l'argent et déposé des bijoux de sa mère en garantie, avec deux lettres explicatives. L'ancien précepteur se présente au père pour lui demander remboursement des sommes volées, lequel croit à une supercherie à la suite du vol des bijoux, et renvoie l'ancien précepteur, qui se voit accorder une journée pour retrouver les sommes disparues. Face à l'impossibilité, il se suicide en se noyant, seul moyen pour lui de retrouver la sérénité que le garçon avait trompée
Au Cœur de la nuit
Un homme assiste son épouse gravement malade. Le médecin a une fille prête à marier. Pendant son agonie, l'homme promet à sa femme qu'il l'aimera toujours. Un soir, le médecin apporte deux fioles : une remplie de médicament, l'autre d'un produit de massage, empoisonné ; il met bien en garde la femme de ne pas se tromper de flacon. Dans la soirée, la femme absorbe le poison et meurt. L'homme se rapproche de la fille du médecin dont il tombe amoureux et à laquelle il fait la même déclaration qu'à sa femme. Dès lors, il entend le rire sarcastique de sa femme exploser dans toutes sortes de lieux et de circonstances, la jeune fille prend peur...
"Le docteur Haran me disait fréquemment que la mort était préférable pour ceux qui ne pouvaient pas guérir ; le fait de vivre ne leur apportait aucune joie et la faisait perdre à ceux qui les soignaient." (p. 122)
La Morte vivante
La tante d'un enfant qu'elle adore meurt subitement. Les prêtres chargés de sa crémation tardent à y procéder ; en attendant le bois, deux d'entre eux s'absentent pour fumer, les deux autres partent dans leur direction ; à leur retour, le corps a disparu. La femme se réveille le matin et rejoint sa vieille amie. Celle-ci l'héberge, son mari l'accueille. Mais des tensions apparaissent et un soir, la femme rejoint l'enfant malade, qui la reconnaît avec amour. La tante lui donne l'amour que la mère ne lui témoigne pas, préférant la compagnie de ses amies. Tous entrent dans la chambre et reconnaissent la tante, qui rassurée de s'être sue encore vivante par la réaction du garçon, décide de mourir en se jetant dans la rivière ("En mourant, Kadambini prouva qu'elle n'avait pas connu la mort.") (p. 154)

Ed. Cartouche, 2006, traduction pas mal mais nombreuses coquilles

Le Capitaine Pamphile - Alexandre Dumas

Pamphile, Marseillais, capitaine au long cours et homme d'affaires avisé.
Deux histoires parallèles, celle des animaux et celle des hommes ; deux temps, deux lieux, Paris et le cercle d'amis artistes, les aventures du Capitaine à travers les mers et les continents. Le lien : l'histoire de Jacques, le singe, et comment il arriva entre les mains du personnage principal.
Leçons de politique, de morale et de vie par allégories animalières ou exotiques...
La gloutonnerie du singe tue la chatte Michette qui ne s'alimente plus, et donc ne le réchauffe plus, Jacques manque de mourir de froid, sa queue en reste gelée.
Le périple du Capitaine pendant les deux années nécessaires à la constitution de sa "commande" de dents d'éléphant va donner lieu à de nombreuses transactions tout aussi équilibrées. Le prix des défenses est acquis sur le bateau chargé d'eau-de-vie en route pour les Amériques (transport dont il avait eu connaissance lors de son passage parmi les notables d'Orléans (?), dont le vendeur de ces pipes...
De retour en Afrique (rivière Orange), Pamphile réalise que les tribus se sont fait la guerre pendant son absence et que la commande n'est pas prête : le chef de l'une des deux tribus ayant été tué, Pamphile propose un nouveau deal au nouveau chef, sans mentionner le prix proposé pour la première transaction ; Pamphile va aider cette tribu à lutter contre l'autre, en échange de quoi, il obtiendra la remise des prisonniers, qu'il vendra comme esclaves (ces prisonniers sont parqués dans une espèce de hangar pdt 3 jours, une grande partie meurt, les restants sont donc les plus forts ; sur le bateau, calculs pour le meilleur entreposage des corps grâce à l science du charpentier : remarques ironiques sur les qualités du corps humains, comme la souplesse, la répartition des membres, bien utiles pour le gain de place)
Retrouvailles de Pamphile et du chef indien, Huron chasseur de baleine devenu maître d'un territoire en Amérique centrale. Grande arnaque organisée par Pamphile (avec l'aide de son cuisinier double-Bouche, et de son médecin) : ils se présentent en Angleterre déguisés en consul et représentant du territoire lointain, présenté comme un eldorado ; ils montent un emprunt de 12 millions et additionnent les sommes versées contre privilèges et droits d'exclusivité payés par des artisans attirés par la faveur et les marchés espérés avec le roi de ce pays... départ soudain des diplomates ; expédition des Anglais pour s'installer dans ce pays de rêve ; réalité dans sa simplicité... Seul exigence du banquier (juif) pour la constitution de l'emprunt : que les dirigeants du pays élaborent une constitution : rapport entre démocratie et capitalisme : les richesses nationales appartiennent à l'Etat, pas au monarque... sur le papier...
Anecdotes : rébellion des marins quand Pamphile refuse de distribuer plus de morue à l'équipage, renversement subséquent de Pamphile par Policar, qui jette le capitaine à l'eau, lequel, bon nageur, se retrouve sur le dos d'une baleine capturée par des Hurons ; parallélisme des situations et des formes : remonté sur la Roxelane, Pamphile profite de l'inattention de Policar pour procéder à la même manœuvre, mais alors que Pamphile regardait une étoile lorsqu'il fut pris par surprise, Policar fixait un requin affamé dans le sillage du navire...

PS : Dumas, fils d'un général, petit-fils d'une esclave noire. Nègre : Auguste Maquet, littérature comme industrie, engagements de production, partenariat d'écriture, d'où non-respect des engagements, et litiges avec les éditeurs et Maquet

mardi 14 avril 2009

La Vie est un songe - Calderon (Pedro C. de la Barca) - XVIIe siècle

Pologne : le roi Basilio a un fils Sigismond dont une prédiction a dit qu'il serait le meurtrier de son père et un tyran terrible. Le roi décide d'enfermer S dans une geôle dès sa naissance, laissant seul Clotaldo l'éduquer par la lecture des classiques.
Voulant croire que la prédiction était fausse, B relâche S en espérant que celui-ci soit raisonnable.
Avant de le libérer, il lui fait boire un opium qui l'endort jusqu'à son installation sur le trône.
Dès le départ, B instille et fait diffuser par d'autres le doute dans l'esprit de S, en lui faisant croire que ce qu'il vit, sa nouvelle expérience de liberté n'est peut-être qu'un rêve, et que tout pourrait bien s'achever aussi vite et soudainement que c'est apparu.
Très vite, S se révèle cruel et tyrannique : il jette dans le vide un serviteur et s'apprête à tuer Clotaldo (?), que Astolfo parvient à sauver de justesse. S rencontre Rosaura (la fille de clotaldo, ce qu'elle ne sait pas ; elle se fait alors passer pour la fidèle d'Estrella), dont il tombe amoureux.
Effrayé par la folie vengeresse et capricieuse de S, B le fait à nouveau droguer et ramener dans sa geôle. Revenu à ses esprits dans la geôle qu'il redécouvre, il se fait entendre dire que ce qu'il dit avoir vécu était un rêve.
Mais..
S retrouve Rosaura, ses sens lui font comprendre que ce qu'il a vécu était plus réel qu'un rêve. Roasaura le conforte dans cette opinion.
Ne pouvant compter sur s, B se donne pour successeur Astolfo, prince de Moscovie.
Des soldats désapprouvant cette décision, viennent chercher S dans sa geôle pour le libérer et l'installer sur le trône en place d'un étranger, pour le respect des règles de dévolution du pouvoir et de l'intégrité de la Pologne.
S'ensuit des affrontements entre partisans de S et fidèles de B.
S prend le dessus sur B. B se rend à S et offre sa tête à son fils, dans le respect de la prédiction.
Mais s a mûri et réfléchi sur son sort : certain que la vie n'offre que des réjouissances passagères sans que l'on puisse contrer le sort, il en a tiré la leçon que dans la vie réelle ou le rêve, ce qui importe, c'est d'agir selon le bien.
Il décide donc d'épargner son père, de faire marier Estrella et Astolfo (Clotaldo a révélé que Roasaura était sa fille) et de s'unir à Rosaura.


Prométhée : enchaîné par son père pour se prémunir de la prédiciton ; insolence, irrespect, force, haine du fils qui se sent injustement rejeté
Platon : mythe de la caverne : cheminement de l'illusion à la vérité, le bien comme fin de toute action, la modération comme mode d'exercice du pouvoir
Révolution (?) : S (= peuple ?), force brute sous les fers, une fois déliée se déchaîne sans mesure sûre de son bon droit (réparer l'injustice à lui faite sous la domination), la répression du pouvoir ramène cette force sous la chaîne, un autre pouvoir la libère au nom de la légitimité (et du nationalisme, de la xénophobie peut-être — mais la Moscovie n'a-t-elle pas fait souffrir ala Pologne dans des temps plus anciens ?) ; nouveaux affrontements, cette fois, la force, instruite de son premier échec, s'assagit et offre le compromis pour l'exercice et la répartition du pouvoir
Pascal : 1e méditation
Borges
Erasme : folie
Marivaux, Beaumarchais : les intrigues amoureuses, le pouvoir des parents,l les jeux de l'honneur, les tromperies / Clarin, serviteur de Rosaura, Figaro, Scapin, voix spontanée et imprudente d'une évidence populaire sans formes ni précaution (Clarin-clairon) à force de dire les choses qu'ils pensent, les choses comme elles sont, bref, la vérité Clarin en devient un danger pour le pouvoir qui veut dissimuler certains actes et faits, il devient donc un danger pour lui-même

lundi 13 avril 2009

Histoire de l'infamie - Jorge Luis Borges

Histoires édifiantes de personnages infames, indignes, pleutres, imposteurs, cruels, sanguinaires, mesquins, souvent châtiés par un sort implacable, sans pitié, définitif.

A retenir : histoire des gangs de New York (Swamp Angels) ; le veuve pirate ; histoire de l'ingratitude du doyen de Santiago à l'égard de don Illan de Tolède le magicien (craignant son ingratitude, le magicien lui fait croire pendant un voyage spatio-temporel qu'il passe progressivement de doyen à pape et lui demande à chaque fois un geste pour son fils, geste qu'il refus systématiquement : fin du voyage : don Illan fait rôtir les cailles qu'i avait demandé à sa domestique de lui préparer au début du voyage immobile) ; histoire du voyageur parti chercher un trésor dans une ville, amené face au roi de cette ville qui lui demande la raison de sa présence dans cette ville, à sa réponse, le roi dit en se moquant de lui que lui-même rêve qu'un trésor se trouve dans un endroit de la ville d'où vient le voyageur mais que ce n'est pas pour autant que le roi croit en ce rêve et part à la recherche de ce trésor — de retour dans sa ville, le voyageur découvre le trésor et devient riche)

Les sources


samedi 11 avril 2009

Mémoire de mes putains tristes - Gabriel Garcia Marquez

A l'aube de ses 90 ans, un homme demande à une maquerelle de lui fournir une jeune vierge. 
L'homme est écrivain, journaliste, rédige un billet hebdomadaire pur une revue (cérémonie d'adieu dans es bureaux, remise du dernier papier-lettre de démission), écoute la musique avec émotion et concentration (classique, mais aussi tango)
La jeune vierge est préparée pour la rencontre mais la nuit se passe sans qu'elle se réveille, et lui n'ose pas passer à l'acte, se contentant de l'admirer. Cette scène va se répéter à plusieurs reprises. L'homme va décider d'arrêter ce jeu. s'ensuivra un silence et une absence de la vierge et de sa maquerelle que l'homme interprétera mal, les trois se retrouvent finalement, la maquerelle révélant à l'homme que le jeune fille est devenue folle de lui
L'homme est moche (comparaison avec un cheval) mais jouit d'un membre d'une vigueur certaine 
Les rapports homme-maquerelle se font souvent par téléphone interposé
Scènes de sensualité brute : une femme fait le ménage en jupe, prise par derrière ("pas une entrée là, c'est une sortie")
Pouvoir : corruption, arbitraire des forces de police (rapport à la minorité de la vierge)

lundi 6 avril 2009

La Mort d'Ivan Illitch - Maître et serviteur - Trois morts - Tolstoï

Maître et serviteur
Tempête de neige, tentative absurdement obstinée de rejoindre la ferme d'un propriétaire terrien pour acheter à bas prix une parcelle de forêt convoitée par d'autres.
L'avidité, l'appât du gain, le calcul, la tricherie (le maquignonnage), le paternalisme un peu méprisant de Vassili Andréitch Brékhounov contre la sagesse taciturne et la non-résistance passive de Nikita le serviteur.
Comme dans La Mort d'II, le riche chemine à l'approche de la mort vers la compréhension de ce qui est essentiel : l'altruisme, la générosité, jusqu'au don de soi, de son corps et de sa vie.
Qui du maître ou du serviteur va mourir le premier ?

La Mort d'Ivan Illitch
Obsession de la réussite d'Ivan Illitch Golovine, du statut, de sa propre réussite, contre ses rivaux, contre sa femme (Praskovia Fédorovna), et sa famille
Indifférence amusée et critique de la part de la femme et de la fille (Lise, Lison) : la fille veut se marier, elle en veut (presque) à son père de lui gâcher son plaisir
Bienveillance du domestique Guérassime, bonté paysanne, force, fraîcheur et santé de la jeunesse campagnarde contre la fragilité du corps citadin, apprêté, du maître 
Portraits de médecins : les bons et les mauvais, les "sommités" et les autres ("éminent médecin", "docteur non éminent" p 72). Discours direct du maître contre les médecins qui savent et ne disent pas, ou qui ne savent pas mais ne le disent pas. 
Analogie entre l'attitude artificiellement distante, indifférente, péremptoire, autoritaire du médecin face à son patient qui n'a pas le droit de questionner cette autorité, et celle du juge d'instruction-procureur qu'Ivan Illitch avait réussi à devenir en maîtrisant parfaitement ces modes de comportement

Les Enfants de Minuit - Salman Rushdie

Un réalisme-historique-magique à grosses coutures.