vendredi 24 juillet 2009

Sur la route - Jack Kerouac (1957)

Se dévore, s'avale comme une langue d'asphalte à 150.
Sal(vatore) Paradise : ancien GI, orphelin, une tante à NY, un frère (qui passera à NY, sans plus), touche sa pension et tape sa tante en cas de besoin, écrivain débutant, en quête, de tout, du pourquoi et d'un père
Dean Moriarty : le sale gosse, un père clochard qui l'a formé à la conduite (nbrx exploits de vitesse et de conduite serrée) et à la fauche (gros passé de maisons de correction en prisons), adepte de la tise gros volume, incontrôlable, baiseur, trois fois marié, des enfants (Marylou-Camille pdt l'essentiel du bouquin ;


Le beat : pas seulement le rythme, aussi la voie vers la béatitude, un état atteint rarement, le jazz comme meilleur voie d'y parvenir (le bop surtout — scènes de transe de Sal et surtout de Dean devant les sax noirs quand ils chopent le it, transcriptions graphiques des cris des sax), mais aussi les coups, les gars foutus (signe d'une certaine proximité à...)

Magie de l'amour, magie de la braguette : ils repèrent une fille, ils lui parlent, et ils la pelotent, au moins. Rares questions existentielles sur le j'y-vais-j'y-vais-pas (quelques remords par trop d'égards : la jeune 15 prost colorée dans le bouge mexicain ; la jeune 16 fille de la ferme le soir de la sortie de route boueuse...). Même diminué par son pouce partiellement amputé et le pansement sur son infection, Dean continue de lever... Sal attiré par l'amour, le vrai, la fondation : débuts de couple avec la mexicaine (qui prend sur elle pour l'aider au coton alors qu'il est à la peine ; qui prend sur elle de le laisser partir quand elle comprend que son chemin est encore à tracer — amour et dignité de la femme humble habituée au malheur)

Cf. "Cement mixer, putti putti" (reprise par G-Swing en 2006 ?) ; plusieurs titres de mambo de Perez Prado.
cite Proust ; Les Mystères de Paris de Sue
cf W. C. Fields (acteur, homme de music hall US 1880s-1946, gros alcoolique, humour sarcastique, voix particulière)

Extraits :
- "Voilà ce que c'est de vivre dans la nuit, voilà ce que ça fait de vous. Je n'avais rien à offrir à personne que ma propre confusion." (p 178-179 ; Sal parle ; à propos de l'incapacité de Sal à offrir un mariage aux goûts de Lucille, impossibilité fin d'obtenir un divorce d'avec son docker de mari ; impossibilité de se fixer ; incapacité aussi de Lucille d'accepter la soif d'expériences de Sal)

- "On était tous aux anges, on savait tous qu'on laissait derrière nous le désordre et l'absurdité et qu'on remplissait notre noble et unique fonctiion dans l'espace et dans le temps, j'entends le mouvement." (p. 189 ; Sal parle ; après le passage à NY chez sa tante, nouveau départ de Sal pour la Californie, Dean couché sur le volant (""Hou !" gueula Dean. "En route !"")

- "Je compris soudain que Dean, en vertu de la suite innombrable de ses péchés, était en passe de devenir l'Idiot, l'Imbécile, le Saint de la bande (...) [Sal]
— Tu n'as absolument aucun égard pour personne sinon pour toi-même et pour tes sacrés plaisir de cinglé. Tu ne penses à rien d'autre qu'à ce qui pend entre tes jambes et au fric ou à l'amusement que tu peux tirer des gens et puis tu les envoies paître. Sans compter que dans tout ça tu te conduis stupidement. Il ne t'est jamais venu à l'esprit que la vie est chose sérieuse et qu'il y a des gens qui s'efforcent d'en user honnêtement au lieu de glander à longueur de temps. [Galatea]
Voilà ce que Dean était, le GLANDEUR MYSTIQUE. (p. 275 ; Dean en phase de démystification par ses anciens disciples)
(...) Il était BATTU, ce qui est source de Béatitude, FOUTU, ce qui est essence de Félicité." (p. 276 ; tj Sal à propos de Dean)

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