mardi 17 mars 2009

Trilogie d'Apu

La complainte du sentier
Une famille très pauvre du Bengale. Apu naît alors que le film a déjà mis en place la famille et la fille en particulier, qui est au centre de l'histoire : elle vole, aime et s'occupe de sa grand-mère, esprit sauvage...
Personnage phare : la mère. Beauté de Durga, la fille, tire la langue (pointue). Elle meurt d'une apoplexie après avoir joué sous la pluie. 
Le père part gagner de l'argent mais ne donne pas assez de nouvelles ni d'argent à la famille : la mère dépérit, déprime.
le plus poétique. Simplicité extrême, évoque Songe d'une nuit d'été, nature, décors de la maison en ruine faisant corps avec la nature
La tante, fantôme mort-vivant évoque Kurosawa, délaissée par la mère qui la chasse à plusieurs reprises. La tante meurt dans les bois, Durga la découvre, Apu ne comprend pas ("elle dort ?") 
Apu et Durga : beauté innocente, un peu sauvage. Les yeux. Scène où Durga doit réveiller Apu : on pourrait le croire mort : Durga relève des draps pour trouver l'oeil d'Apu, elle l'ouvre comme un coquillage, image très surréaliste. 
Le train : apparaît par le sifflement au loin. Durga emmène Apu voir le train: paysage nouveau, poteaux électriques, modernité inconnue, dangereuse, inquiétante (bruit de la haute tension)
La pluie (la mousson arrive progressivement, en deuxième partie de film, images des étangs, des feuilles de nénuphars qui se recourbent), le vent  (feuilles qui volent, portes, volets); éléments naturels très présents, tempête la nuit de la mort de Durga (présence du dieu éléphant : on peut maginer que Durga va être sauvée) 
Religion : scène d'offrandes de durga qui prie pour avoir un mari (sa meilleure amie vient de se marier), elle meurt peu de temps après. + dieu éléphant = critique de la croyance des villageois ? 
La tempête a détruit la maison des aïeux du père, et les liens qui les rattachaient à la maison et au village. Scène d'adieux où la voisine dit que l'on n'est pas fait pour rester toujours au même endroit ("ça rend mesquin, je le vois avec moi" dit-elle en pleurant)

L'invaincu
La famille part à Bénarès : le père y fait des prières pour gagner de l'argent. 
Changement de décor : du huis-clos de la maison et de la cour, passage à la vie urbaine et sa promiscuité de voisinage (plus intrusive que dans le village : la famille n'a pas les mêmes rapports avec des voisins inconnus qui se mêlent de tout (exhortations aux bains) + pressions du voisin)
Le père se baigne régulièrement dans le Gange. Dévotion pure mais un peu fanatique.
La mère tient le foyer. Apu grandit en se baladant toute la journée dans les rues (scène près du Gange où il admire un homme fort -> scène dans Le monde d'Apu où il fait des exercices sur la terrasse de l'immeuble au matin, mêmes mouvements que cet homme : accroupissements, bras tendus...)
Le père meurt des suites d'une congestion pulmonaire (sic). Critique de la médecine : cataplasme de moutarde censé guérir le mal. Critique de la médecine traditionnelle : le père est censé lui-même être un guérisseur (scène des herbes pour un voisin), mais aussi de la médecine moderne (le docteur appelé a un stétoscope — mais prescrit des remèdes à l'ancienne)
Hésitations de la mère quant à la direction à prendre : propositions d'une fammile riche qui invite la mère à son service ; propositions d'un prêtre qui part en pélrinage. La mère décide de suivre ce prêtre qui comence l'éducation d'Apu.
Réticence rapide d'Apu, tentation attrait de l'école. la mère accepte de l'envoyer étudier. Scène de la lecture devant l'inspecteur : Apu lit le poème dans un rythme très musical (cf chanson percussive d'une chanteuse indienne)
Apu réussit ses études (deuxième du lycée), choisit de poursuivre en sciences, doit partir à calcutta, déchirement de la mère. Pendant qu'Apu découvre la vie étudiante et un peu oisive (avec Pulu) à la ville, sa mère s'enfonce dans une dépression (Apu ne lui écrit pas assez, rechigne à aller la voir pendant les vacances), ses yeux se creusent, devient semblable à la tante, scène de prostration au pied d'un arbre, entend la voix d'Apu un soir, près de létang (visions des lucioles : magnifique). Mort de la mère : Apu arrive à la maison vide. Part de la maison sans procéder aux funérailles
Train : outil du déchirement, de la séparation, du mensonge (le charlatan qui vend une crème magique à-tout-faire). toujours les sifflements au loin. Apu fait mine d'avoir raté le train pour rester plus longtemps près de sa mère
Sommeil, réveil difficile : dans cette scène, Apu a demandé à sa mère de le réveiller à 6 heures (son train est à 7) : sa mère n'arrive pas à le réveiller (peur croyant qu'il est mort — rappel du lit de mort de Durga). Scène du cours de littérature (métonymie, synecdoque, "association de mots", euphémisme) : Apu s'endort pendant le cours (doit travailler le soir à l'atelier de typographie
Critique de la religion : la dévotion, l'ascétisme discipliné voire fanatique du père ne l'a pas préservé de la mort — pire : le père meurt subitement après avoir ingurgité un verre d'"eau sacrée" du Gange ; déjà, c'est en rentrant de son bain auquel il est allé alors qu'il était déjà fatigué, qu'il a une attaque et s'effondre en haut des marches). Récurrence de l'oubli des lunettes : à chaque fois qu'il sort de Gange, le père oublie ses lunettes : perte de clairvoyance ? abandon de la raison sous l'effet de l'obéissance aux rites ?

Le monde d'Apu
Impression : passage du poétique pur (1) au néo-réalisme avec une dose d'expressionnisme (organisation du décor urbain, escaliers, visages très noirs (Apu en déprime à l'annonce de la mort d'Aparna). Dans Le monde, les décrs sont plus étudiés, très organisés (chambre d'Apu). Le jeu des acteurs est plus "occidental" : on croirait de la nouvelle vague par moments (les scènes Pulu/Apu, leurs habits, les cigarettes), on a quitté le théâtre traditionnel des débuts (genre Kurosawa)
Fatalité : alors qu'Aparna révèle ses sentiments à Apu, devient sincèrement amoureuse, se dévoue pour le servir (alors qu'ele était en droit d'attendre une vie de femme aisée), repart chez ses parents, lui écrit, lui reproche des fautes vénielles ("je t'ai écrit 8 fois, toi 7 — je te détesterai toujours, toujours"), scènes de joie frivole, de gaité, de égèreté (enfin) puis drame : le cousin ou frère vient annoncer la naisszance avant terme de l'enfant d'Aparna, on devine qu'elle est morte en couche (apu frappe cet homme : geste de violence contre le sort, la vie, qui ui vole encore l'être qu'il amie)
Scène de la vocation littéraire : un soir, en passant sur les voies ferrées, Apu explique à Pulu son projet de roman : (— "jeune paysan pauvre qui va étudier, réussir... — autobiographie — ma vie, et du roman" problème : Apu ne connaît rien à l'amour (d'ailleurs interrogations régulières sur ses rapports avec Pulu, et avec les hommes qu'il a croisés : l'homme riche à qui, enfant, il carresse les cheveux), Au n'a jamais eu de rapports avec des filles -> l'arivée d'Aparna se situe dans a suite de cette discussion. Beauté de l'écriture : sur le fleuve, Pulu lit des vers d'Apu et l'en félicite / Rejet de la littérature : Apu déchiré jette ses feuillets du haut d'une colline face à un coucher de soleil
Beauté d'Aparna : "Qui t'a fait de tels yeux ?" — "le kohl." Aparna est une beauté plus sensuelle, sophistiquée, quand Durga était une beauté naturelle, enfantine, mutine, pure (c'est ainsi qu'elle se présente dans la scène des offrandes "vierge pure")
Train : le train tue : au moment où l'on pense que Apu va se jeter sous un train, on entend un cri animal : un agneau a été éventré par un wagon. Dès son installation à l'appartement, Aparna ne supporte pas le sifflement du train : elle plaque vivement ses mains sur les oreilles. Apu croit gagner l'amour de son fils Kajahl en lui offrant un jouet en forme de locomotive : Kajahl le rejette violemment ; scène de fin : le grand-père voit Kajahl rejoindre Apu en courant puis sauter dans ses bras, et s'en retourne, la locomotive dans une main : Apu et son fils sont réunis, le train ne les séparera plus, fin de la malédiction d'Apu ?
Critique des traditions, croyances, coutumes : mariage d'Aparna arrangé par ses parents, le mari promis s'avère fou. La mère refuse le mariage, le père tente de l'imposer, la mère menace de se suicider. Le mari repart, la famille d'Aparna craint la malédiction qui veut que si la fille n'est pas mariée au moment prévu, elle sera maudite. Pulu, pourtant issu d'une famille aisée, éduqué et passé par la ville, comme Apu, prie Apu d'accepter le mariage avec sa cousine pour éviter la malédiction. Apu refuse d'abord ("on n'est pas au moyen-âge") puis s'y résout (dès l'arrivée d'Apu, la mère d'Aparna avait vu en lui le visage de Krishna, dit ensuite qu'elle avait su dès le début qu'il était bon...), peut-être pour obtenir le job dont Pulu lui avait parlé. Mais une fois le mariage scellé, Apu cherche à mieux connaître Aparna, sans profiter de sa situation, toujours hésitant, il veut qu'Aparna se sente au mieux. Lui-même éprouve une grande honte à la faire vivre dans la pauvreté, état qu'elle déplore (elle pleure en cachette) mais auquel elle s'habitue vit, apr amour, allant jusqu'à refuser qu'Apu prenne un deuxième travail, le menaçant de rentrer chez ses parents si elle ne pouvait plus le voir du fait de ses activités. Aparna rend visite à ses parents : très belle transition entre la scène où le couple est au cinéma regadant un film populaire mettant en scène un enfant aux pouvoirs magiques, protégé des dieux qui le sauvent de monstres (Apu est amusé par le film tandis qu'Aparna semble insensible) — et la scène de carrosse où le couple se déclare son amour (fondu par le biais de l'écran t de la fenêtre arrière de la calèche)
Note : Aparna n'est pas très cultivée, ne sait écrire que le bengali : "plus je t'écris, plus je fais de fautes"). Apu commence à lui enseigner l'anglais : C A T, F A T... "fat cat" (personnage riche et puissant) ?
Note : présences au moins à deux reprises de chants très flamenco